Scolab - Futur, ancien, fugitif

Sur cette photographie prise quelques jours avant le vernissage de Futur, ancien, fugitif, Jean-Luc Blanc modifie son portrait de l’actrice Mia Farrow. L’artiste éprouve en effet le besoin de sans cesse retoucher ses peintures, quand il ne les transforme pas complètement. Parfois même en pleine exposition. Est-ce une manière de lutter contre une réalité qui toujours nous échappe ? de faire face à l’impossibilité de figer le présent ?
Raconter l’aujourd’hui. C’est à cette tâche peut-être impossible que s’attèle l’exposition. Tenter de cerner les contours d’une époque où la vérité est difficile à démêler de la fiction et où le sentiment d’être ensemble, dans le même navire, est porteur d’espoir tout autant que teinté de doutes. L’exposition emprunte son titre au livre d’Olivier Cadiot – il fallait bien un roman d’aventure pour un exercice aussi périlleux ! Ce livre raconte l’histoire d’un nouveau Robinson qui, après un naufrage, reconstruit son monde sur une île déserte grâce à toutes sortes de méthodes de bricolages pratiques et poétiques. C’est l’image d’une humeur du temps, autant qu’une métaphore de la création.
Futur, ancien, fugitif. Son titre est en soi une trouvaille. Avec ces trois mots mis bout à bout, Olivier Cadiot fait surgir le présent sans pour autant jamais l’écrire. A l’image de ce roman singulier fait d’accélérations et de fulgurances, cette exposition saute d’un genre à l’autre pour dresser une cartographie subjective et sensible d’une époque. La communauté informelle d’artistes qu’elle présente emploie un champ très large de pratiques, comme autant de manières de faire surgir en creux le présent. Cette exposition ne présente pas un panorama de la création contemporaine en France. Comme Robinson, elle réinvente un territoire légèrement à part de celui que nous connaissons, pour mieux nous le faire voir.
Ce Scolab – cahier pédagogique, propose quelques pistes pour appréhender cette exposition avant ou après sa visite. Il s’adresse bien évidemment aux élèves, aux étudiants et à leurs professeurs, mais aussi à tous ceux curieux des questions qu’elle pose : existe t-il une scène française d’artistes ? Que nous dit-elle de notre époque ? Comment regarder le présent dans les yeux avec la même intensité que les sujets des portraits de Jean-Luc Blanc, alors que, fugitif, il nous apparaît déjà dissipé ?